Mauritanie: Recherche sur la culture musicale de la Mauritanie
La culture des Haratins – des anciens esclaves en Mauritanie, nommé aussi „maures noirs“ - n'était jamais étudiée sérieusement. Il n'y a aucun document écrit sur leur musique, leurs chansons et danses mais seulement des traditions orales. Pour cette raison il se posent les questions suivantes: Quels sont les sujets de ces chants, quoi expriment les danses et quels instruments sont encore joués? Quelle était l'importance de la musique et quelle est son importance actuelle? Quelles sont les traditions encore vivantes qui sont passées aux jeunes générations?
Les même questions se posent concernant la culture musicale des griots, des „gardes de l'histoire“, qui passent cette histoire par littérature et par musique. Cette tradition est aussi en risque d'être perdue avec la mort des vieux gens. Il ne reste que peu de ces chanteurs randonnants et des joueurs de luth tidinit et des femmes qui accompagnent leur chant du jeu de l'harpe ardin.
A ce point a commencé la recherche sur la documentation du patrimoine musicale en Mauritanie en Avril 2015. Supporté par la fondation Jutta Vogel et par des moyens financières du Ministère des Affaires Etrangères Edda Brandes, ethnomusicologue et cinéaste Petra Buda ont fait des études en coopération avec des partenaires mauritaniens. A Nouakchott, la capitale, et à Chinguetti, poste de trafic au nord-ouest du pays elles ont rencontrés des artistes exécutant des genres musicaux traditionnels et modernes de l’héritage musical de la Mauritanie.
Les résultats de cette coopération seront conservés sur CD et DVD pour évoquer une chose presque oubliée, pour maintenir la condition actuelle et aussi pour intéresser les jeunes à leur culture et à rendre publique sa richesse musicale au-delà les frontières de leur propre pays.
Culture musicale de la Mauritanie
Culture musicale de la Mauritanie
Berlin: Les manuscrits de la Mauritanie – évaluation critique et développement d’une stratégie future des activités pour sa conservation
Date: 9 -10 Septembre 2015
Lieu de l’atelier: ZMO, Kirchweg 33, 10829 Berlin
Il y a en Maurétanie plus de 30.000 manuscrits répartis dans quelques 800 bibliothèques familiales privées. La majorité de ces textes traite de thèmes religieux, mais aussi de médicine, d’astronomie, de littérature et d’histoire.
On trouve aussi dans ces bibliothèques des documents personnels concernant la famille ou des contrats de vente. Ces bibliothèques présentent un élément important de l’héritage culturel de la région Sahara - Sahel. Par leur engagement commun, des scientifiques et des commerçants du Maroc du Sud, d’Algérie du Sud, de Libye du Sud, du Mali, du Sénégal, du Burkina Faso, de Guinée, du Niger, du Nigeria du Nord, du Tchad et du Darfur (Soudan), en contact les uns avec les autres, ont fourni le témoignage partiel d’une histoire encore à découvrir. De par le fait que les différents Etats nationaux s’y intéressent ou non, ce témoignage est partiellement en danger; notamment les fonds qui se trouvent en Maurétanie sont particulièrement menacés. Une telle collection de sources écrites si diverses et émanant de différentes périodes est une exception dans le continent africain. Les manuscrits rassemblés se répartissent sur une durée qui va du 18ième au 20ième siècle avec quelques textes qui datent même d’une période antérieure.
Lors d’un atelier de deux jours nous ferons le point sur l’état des manuscrits se trouvant en Mauritanie et tenterons d’élaborer un plan d’action pour leur sauvegarde d’ici juin 2016. Nous définirons les problèmes actuels et y opposeront des propositions de solutions adéquates. La mise en rapport de différentes compétences est destinée à favoriser la confiance entre les personnes, ce qui assurera que toutes les décisions seront appliquées équitablement. Les participants veilleront à ce que ces décisions ne soient pas considérées séparément mais qu’elles soient présentées sous forme d’une action globale, laquelle pourra être soumise telle quelle aux bailleurs de fonds. La mise en relation des compétences des uns et des autres provoquera une synergie qui facilitera l’élaboration d’un agenda destiné à la sauvegarde des manuscrits mauritaniens ciblant les priorités d’action et les étapes à long terme. Ce workshop sera donc l’occasion de faire un pas déterminant dans la lutte contre la disparition des manuscrits mauritaniens en danger.
Les participants scientifiques auront des compétences différentes dans la recherche et la sauvegarde des sources. Il est nécessaire que dans le futur les acteurs coopèrent d’une façon plus intense de sorte qu’ils pourront présenter un engagement commun au lieu d’activités individuelles. C’est la seule solution pour trouver les bailleurs de fonds qui débloqueront les fonds nécessaires pour maintenir les manuscrits de la Maurétanie.
Il est envisagé de publier les résultats de l’atelier avant juin 2016.
Les manuscrits de la Mauritanie
Les manuscrits de la Mauritanie
Namibie 2014: Ju/’hoansi Dictionnaire illustré pour enfants
The Ju|’hoan Children’s Picture Dictionary is a collaborative project between the Namibian Ju|’hoan from the Tsumkwe region and academics from various fields. The primary aim of this dictionary is to provide Ju|’hoan children with a piece of mother -tongue literature that is locally inspired and that can also be shared with those from the outside world. Entries in this thematic dictionary are in the Ju|’hoan Tsumkwe dialect, Afrikaans and English. All the illustrations and artwork were created by Ju|’hoan people from the Tsumkwe region, who share their knowledge and insight into different facets of Ju|’hoan daily life. Great care has gone into the making of this dictionary, with members of the Ju|’hoan community leading the way in the selection of themes, lexical entries, design and layout to make this publication a community -driven project that highlights Ju|’hoan culture. Included is an interactive CD with a pronunciation guide for each entry provided by Ju|’hoan speakers, as well as a photo and video gallery, short biographies of contributors, interesting information about the Ju|’hoan people and a fun, printable language game. By buying this Dictionary you are helping to spread awareness about the Ju|’hoan language and culture, to stop this endangered language from disappearing forever. This unique and special book is a must for anyone with an interest in San life, the San people and their communities.
Cologne 2014: Festival du Film Africain
Festival « Au-delà de l’Europe - nouveaux films d’Afrique »
Depuis 1992, FilmInitiativ Köln e.V. organise le festival de cinéma « Au-delà de l’Europe – Films d’Afrique ». En plus de 20 ans, plus de 500 films de 40 pays du continent africain ont été projetés lors du festival qui a lieu tous les deux ans et lors des cycles spéciaux de cinéma organisés les autres années. Le public a aussi eu l’occasion de rencontrer personnellement plus d’une centaine de réalisateurs.
D’ici 2015, FilmInitiativ veut mettre à la disposition de tous les intéressés des informations sur tous ces films et invités, par le biais de la banque de données sur ce site internet. La Fondation Jutta Vogel est fière de supporter la 13ème édition du festival qui aura lieu du 18 au 28 septembre 2014. Pour des informations additionnelles nous vous prions de contacter l’adresse suivante :
Festival du Film Africain
Festival du Film Africain
Namibie 2014: Recherche sur les noms de famille des Khwe
Ce projet s’occupe encore une fois de l’héritage culturel d’un groupe de San, des Khwe qui habitent au Bwabwata National Park en Ouest Caprivi en Namibie. Pendant la guerre de l’indépendance de la Namibie les armées de l’Afrique du Sud déplaçaient les Khwe de leur territoire dans les camps militaires car leur région devenait une zone militaire interdite. L’armée sud-africaine recrutait plusieurs Khwe. L’armée a quitté le pays au moment de son indépendance en 1990. En 2000 le Caprivi Game Park qui était une réserve naturelle devenait un Parc National. Au cours de leur déplacement les Khwe oubliaient l’accès à leur territoire pour chasser et cueillir. Autrefois c`étaient les chefs des familles qui ont décidé qui avait accès aux ressources naturelles de la région. Cet ancien ordre devenait insignifiant. Ces développements influençaient aussi leur organisation de famille. Jusqu’au point les familles étaient organisés d’une façon « bilaterale », ça veut dire que chaque enfant faisait au même temps parties de la famille du père et de la mère donnant accès aux territoires pour chasser et cueillir de toutes les deux familles. Ce fait s’exprimait sous les noms qui se référaient à toutes les deux côté.
Pendant les années quand les Khwe étaient recrutés par l’armée sud-africaine cette tradition disparaît et ils commençaient à s’identifier avec la famille du père et à prendre ce nom. Au présent les Khwe savent qu’ils ont déjà oublié une grande partie de leur savoir culturel. Ils ont commencé à ramasser des informations sur l’histoire de colonisation de certaines familles et de les mettre par écrit en leur propre langue pour qu’ils puissent passer leurs savoirs aux générations suivantes. C’est à ce point où commence la recherche de Dr. Gertrud Boden qui travaille en étroite coopération avec l’Association Kyaramacan fondée récemment par les habitants du Bwabwata National Park. Les études de Gertrud Boden aiment à produire un livret qui expliquera l’origine et la signification de 35 noms de famille par des textes en langues originaux avec des traductions interlinéaires et anglais et accompagnés par des informations additionnelles et illustrés par des images et des dessins. Le livret a pour but la maintenance de l’héritage culturel des Khwe et de son transmission à la jeune génération par l’instruction scolaire en langue maternelle et par la Traditional Environmental Knowledge Outreach Academy (TEKOA) qui est en train de se former. La dernière est une académie dans laquelle les Khwe agés transmettront leur savoir traditionnel sur l’environnement à la jeune génération et aux visiteurs du parc national.
Pour voir quelques pages du livre vous êtes priés de cliquer ici: PDF-Download
Bwabwata National Park
Bwabwata National Park
Mauritanie 2013: Publication sur les Haratines
La Fondation Jutta Vogel a apporté son soutien à la phase de rédaction finale du livre du Professeur Zekeria Ould Ahmed Salem (Université de Nouakchott, Mauritanie) qui est paru aux éditions Karthala (Paris) en Juillet 2013 sous le titre « Prêcher dans le désert : Islam et transformations sociales en Mauritanie » (ISBN : 978-2-8111-0907-3). L’ouvrage est la première étude systématique consacrée à l’Islam et au changement social en Mauritanie postcoloniale. Dès son indépendance de France en 1960 la « République Islamique de Mauritanie » a connu des développements politiques, religieux et sociaux très différents. En cas des Haratines, population arabophone issue de l’esclavage a développé ses propres normes théologiques et juridiques de la filiation, du mariage interethniques ou interhiérarchiques résultant en différentes influences des mosquées et des Imams. De façon générale, l’auteur cherche à analyser l’émergence des Haratines dans l’espace public d’une société d’origine nomade à la fois en tant que sujets et en tant qu’objets sociaux, religieux et politiques. Ce faisant, le projet pourrait contribuer à identifier l’une de transformation majeure de la vie dans le sud-ouest Sahara.
Imam
Imam
Mali 2013: L'école Imzad à Kidal
L'imzad est une violine uni-corde. L'instrument est un composant intégral de la societé et de la tradition des Touareg.
En Juillet 2010 l'école imzad était fondée à Kidal par l'association Taghreft Tinariwen et la fondation Jutta Vogel. Dix femmes ont commencé avec une violoniste de l'imzad comme professor d'apprendre de maitriser cet instrument traditionel des Touareg. Le management de l'école est assuré par Mohamed Ag Erless, le responsable de la culture de Kidal et Madame Koci Walet M'Bareck.
A la fin du mois de Juillet 2010 les dix femmes ainsi que leur professeur ont rendu visite au campement d'une veille violoniste 50 km dehors de Kidal. Elles sont resté deux semaine avec elle pour
apprendre des chansons traditionelles et la fabrication des instruments. Pour composer un tel instrument il faut la moitié d’une calebasse. du cuir de chèvre, des cheveux d'un cheval ainsi qu'un bois spécial.
Le 9 Fevrier 2011 l'école imzad a eu l'honeur de jouer deux chansons devant le Président de la République de Mali à l'occasion de sa visite à Kidal.
La perfomance était très bien recu. Même si la présentation n’était pas encore parfaite les deux chansons ont fait connaitre l'école imzad partout, à Kidal mais aussi à Bamako la capitale du Mali.
Au mois de Décembre 2013 l’IMZAD, sa maîtrise, les connaissances et les pratiques reliées avec cet instrument étaient désignées patrimoine culturel mondial par l’UNESCO.
L’imzad – une violine uni-corde
L’imzad – une violine uni-corde
Mauritanie 2012: Bibliothèque « Ehel Taleb Mohamed » à Tidjikja
L'un des trésors les plus importants et, pratiquement inconnus du legs culturel de l'humanité est constitué par les bibliothèques séculaires de l'Afrique de l'Ouest. Ainsi le Centre de sciences de Tombouctou (Mali) est-il légendaire. Mais quel Européen sait que, dans la seule oasis mauritanienne de Tidjikja, on ne compte pas moins de dix-neuf bibliothèques avec les plus précieux trésors de manuscrits arabes?
Cette oasis du centre du Sahara mauritanien se trouve au carrefour de plusieurs anciennes routes de caravanes et est une importante étape traditionnelle dans le commerce transsaharien. Tidjikja a été fondée en 1660 par quelques familles qui avaient quitté l'oasis de Chinguetti, dans le nord du pays, bien évidemment en emmenant avec eux la totalité de leurs possessions, autrement dit aussi avec leur savoir documenté dans des manuscrits. C'est ainsi que Tidjikja s'est, dès le début, posé en centre d'érudition arabo-musulmane.
La conscience de cette tradition d'érudition est bien vivante, aujourd'hui encore, parmi les habitants de l'oasis. Toutes les familles ont préservé précautionneusement leurs bibliothèques – en dépit de toutes les difficultés qui ont accompagné des périodes de troubles politiques. Malgré tout, beaucoup de ces livres précieux sont menacés de destruction; en effet, tous sont encore la propriété des familles, or leurs possibilités financières sont limitées.
La plus ancienne et la plus importante bibliothèque de Tidjikja est la bibliothèque « Ehel Taleb Mohamed » de Lembrabott Ould Taleb Mohamed. Cet érudit est simultanément le président de la « Ligue des détenteurs de manuscrits et de la protection du patrimoine à Tidjikja » ainsi que le président de la Société des érudits de Tagant (Tagant est l'ensemble du district administratif) et il est l'imam de la mosquée Elargoub. C'est son ancêtre direct, Taleb Mohamed Ould Khlife Ould Taleb Ahmed Ould Edge El Hadj, qui a propagé ses connaissances en donnant des cours de droit islamique (Fighe) à Chinguetti avant de s'établir, en 1660, à Tidjikja et, par la même occasion, d'y créer un nouveau centre dans lequel, depuis cette date, ont été retransmises les traditions du droit, de l'érudition et, globalement, des moeurs de la coexistence sociale.
La bibliothèque qui a recueilli les fruits de cette retransmission depuis plusieurs siècles englobe plus de 600 manuscrits, livres, documents, textes de loi et éditions anciennes du Coran. Le livre le plus ancien qui y est conservé remonte au XVe siècle et comporte des textes ayant trait à des questions médicales.
C'est dans la richesse de cette bibliothèque que, depuis le XVIIe siècle, nombre d'érudits mauritaniens ont puisé leurs connaissances, parmi lesquels, notamment, le célèbre Sidi Abdoullha Ould El Hadj Brahim.
Une partie des collections, notamment d'une époque récente, est constituée par plus de 20 000 actes et conventions concernant la ville et ses environs, autrement dit l'histoire de toute la région.
Avec l'engagement de la Jutta Vogel Stiftung, il y a, pour la première fois, un soutien pour la protection et la préservation de ces trésors. L'objectif primaire consiste à protéger la totalité des collections du sable, de la poussière, de la pluie et des attaques des termites puis à stocker selon les règles de l'art livres, manuscrits et actes. Ce n'est qu'à partir de ce moment-là que la bibliothèque pourra aussi être rendue accessible aux utilisateurs intéressés, ce qui permettra d'assurer la notoriété que mérite ce fonds en Mauritanie et bien au-delà.
Dans ce sens, le soutien de la bibliothèque privée « Ehel Taleb Mohamed » est un projet pilote important. En effet, à Tidjikja, il y a encore bien d'autres trésors culturels qui attendent d'être eux aussi mis au jour.
Le livre le plus ancien
Le livre le plus ancien
Namibie 2011: A la recherche de la préhistoire namibienne
Le projet archéologique « Chasseurs-cueilleurs du bas pléistocène dans le sud de la Namibie » s’intéresse à l’étude de l’environnement social des groupes chasseurs-cueilleurs pendant la période paléolithique. Cette ère historico-culturelle couvre la période du dernier maximum glacial (environ 24.000 – 17.00 ans) jus’qu’à nos jours. Les garants de cette culture sont perçue comme étant des ancêtres directs des groupes de San documentées ethnographiquement particulièrement au 20ième siècle. Au cours des déscouvertes archéologiques et des documentations durant des dizaine d’années et ayant abouti à la découverte du plus ancien art de l’Afrique, l’archéologue Wolfgang Wendt a compilé une collection importante mais en danger de la préhistoire namibienne.
Dans le cadre de ce projet la collection sera recherchée et rendue accessible au public.
Rapport final ici.
Platte aus Apollo-Grotte
Platte aus Apollo-Grotte
Algérie 2011: L’histoire d’Eharir (Tassili/Sahara) et sa perception locale de l’art rupestre
Des analyses et des interprétations d’une perspective ethno-archéologique
La montagne Tassili au sud de l’Algérie fait partie du patrimoine culturel mondial particulièrement à cause de l’art rupestre important. Des milliers d’images rendent témoignage d’une période quand les déserts d’aujourd’hui étaient des pâturages. Les images présentent des pâturages de bétail et la vie des bergers qui semblent familier au Touareg dans la région. Pour cette raison les Touareg dénomment les images Tifinagh, le même nom qu’ils donnent à leur écriture. Mais que signifient les images aux Touareg? Qu’est-ce qu’il peuvent leur raconter de la vie des bergers avant le changement climatique?
Issak Oukafi Cheikh n’est pas seulement un archéologue mais aussi un Touareg de la montagne Tassili Najjer. Pendant une excursion ambitieuse à pied il accompagne un vieu berger à ses pâturages de bétail au centre de la montagne. Au cours de l’excursion ils restent avant l’art rupestre et le vieillard – une des personnes rares qui ont de bétail dans cette région – lui explique ce qu’il lit dans les images. C’est particulièrement intéressant s’il peut trouver des informations sur l’élevage de bétail sous conditions arides dans ces images.
Vue de la vallée Eharir
Vue de la vallée Eharir
Namibie 2010: Qualifications pour des femmes comme guides au Brandberg (Dâureb)
Le Brandberg ou Dâureb est une attraction pour les touristes qui arrivent pour voir avant tout « la dame blanche ». En outre des centaines de touristes viennent pour faire des tours de trekking prestigieux dans la partie du haut da la montagne. Le management des touristes partuculiérement autour « la dame blanche » a été amélioré pendants les dernières années par les Dâureb Mountain Guides (DMG) du National Heritage Council. Parmi les DMG qui sont tous des jeunes adultes de Uis, un village près de la montagne, sont quelques femmes bien qualifiées mais aucune est monté sur la partie du haut de la montagne – surtout à cause d’un respect injustifié. Grâce à un revenu plus élevé leurs collègues ont toujours acceptés les fatigues additionelles. Regardant les mots-clés actuels comme « empowerment » et « capacity building » un séminaire sur la montagne est désigné pour changer cette condition. Angula Shipahu qui est sans doutes le meilleur expert de la montagne, Marie-Theres Erz et Tilman Lenssen-Erz veulent instruire les femmes pour devenir des bonnes guides de montagne. Il faut avoir une expertise des régions du haut de la montagne, une connaissance des points d’eau nécessaire pour survivre et une connaissance des routes traversables. En outre il faut avoir des connaissances solides dans des domaine de techniques de communication, de compétences de leadership, de securité, de santé, d’hygiène, d’écologie et naturellement dans les domaines d’archéologie, d’art rupestre et d’histoire naturelle. Un savoir ci profond combinée à une expérience physique extraordinaire et demandant renforcera pas seulement les qualifications professionnelles mais aussi la confiance en soi des jeunes femmes.
« La montagne qui brûle »
« La montagne qui brûle »
Namibie 2010: Préserver la culture des San / désert du Kalahari
Partout dans le monde, on connaît les San – ces chasseurs et cueilleurs d’Afrique australe; on les connaît en tant qu’hommes graciles et souples transportant jadis leur eau dans des œufs d’autruche et traquant de grandes antilopes en utilisant des flèches enduites de poison fabriqué à partir de larves d’insectes. Les San ont mis au point des formes de vie qui leur ont permis de s’adapter de manière optimale aux zones arides de l’Afrique du Sud, du Botswana, du Zimbabwe, de l’Angola et de la Namibie, y compris les déserts du Kalahari et de Namib. Des recherches archéologiques prouvent que les habitants du Kalahari vivaient, jusqu’à une époque très récente encore, en s’alimentant de la nature et qu’ils ont ainsi préservé pendant des millénaires l’équilibre écologique dans un environnement qui n’existe pratiquement plus aujourd’hui. Les San vivaient au sein de petits groupes largement disséminés et dont le nombre était adapté exactement au territoire respectif et à ses ressources. Parmi celles-ci figurent une multitude d’animaux de grande et de petite taille de même que des fruits d’arbres, des noix, des baies, des racines et ce que l’on appelle le melon Tsama, le « père » des pastèques de culture.
Un projet que la Fondation Jutta Vogel soutient durant la période 2009 et 2010 se propose maintenant de contribuer à sauvegarder la culture des San menacée de disparition pour la retransmettre aux jeunes générations. Le matériel que l’on doit collecter à cette fin englobe de vieilles traditions de narration, mais aussi une transmission orale actuelle, par exemple dans le domaine de la médecine thérapeutique; parmi ces transmissions traditionnelles figurent au même titre les doléances politiques des San, qu’ils ont formulées dans le contexte de l’accession de la Namibie à l’indépendance (en 1990).
Tout cela va être collecté par de jeunes San formés tout spécialement à cette fin et qui utilisent magnétophone et caméra vidéo afin d’interroger dans leur propre entourage des membres de leur famille et de groupes d’un certain âge. Certaines de ces personnes âgées sont respectées de façon tout particulière en tant que guérisseurs qui retransmettent leur art par oral et traitent surtout les souffrances psychiques, par exemple par apposition des mains ou en transcendant les gens dans d’autres états de conscience. D’autres, à leur tour, assument des postes à responsabilités dans la vie sociale de leur communauté; leurs souvenirs ont une grande importance pour quiconque veut comprendre le processus politique au cours duquel les San sont devenus des citoyens de l’Etat moderne qu’est la Namibie.
La direction de ce projet d’une grande ampleur a été confiée à Megan Biesele. Elle est la directrice du Kalahari Peoples Fund (KPF). Megan Biesele est anthropologue et ethnologue. Il y a 39 ans déjà, ses travaux se consacraient aux Ju/’hoan (Bushman) et à leur langue, le khoïsan, une langue à « clicks » que l’on parle dans le nord-est de la Namibie et dans le nord-ouest du Botswana.
Les collaboratrices et collaborateurs san déjà mentionnés transcrivent les enregistrements magnétiques sous formes de textes qu’ils traduisent ensuite du ju/’hoan (prononcé « ju-twan ») en anglais. Les recueils complexes ainsi obtenus de la culture san permettront aux jeunes San de rester conscients de leur propre héritage culturel. Comme le prouvent les fouilles archéologiques, leurs racines remontent, au minimum, à 40 000 ans, voire peut-être 75 000 ans en arrière – une ère depuis laquelle les êtres humains ont vécu jusqu’à une date très récente d’une façon pratiquement identique au mode de vie des Ju/’hoan.
Entre-temps, de nombreux San ont pris conscience de l’importance de ce que leurs enfants parlent leur langue maternelle au cours des trois premières années de leur scolarité élémentaire et de les familiariser avec leurs propres traditions. Ce n’est qu’ainsi qu’ils seront en mesure d’assurer eux aussi la pérennité de leur tradition littéraire et de la cultiver; en effet, il n’y a actuellement plus qu’environ 17 000 personnes, en Namibie et au Botswana, qui parlent encore le ju/’hoan – une langue qui est donc très gravement menacée dans son existence. Il existe toutefois, depuis l’accession à l’indépendance de la Namibie, un projet, le Village School Project (VSP), qui contribue à sa préservation et qui se propose donc, simultanément, de garantir aux San l’égalité en droits au sein de la société namibienne.
Pour plus d'informations voir: www.kalaharipeoples.org
Rapport final ici
Une femme San raconte l’histoire de sa vie
Une femme San raconte l’histoire de sa vie
Sahara 2010: Recueil du savoir Touareg (Lexique en deux volumes)
Hans Ritter
Wörterbuch zur Sprache und Kultur der Twareg
Alqamus Talmant – Tamahaq – Tamashaq – Tamajeq
Volume 1 : Touareg – Français – Allemand
Dictionnaire élémentaire avec une introduction à la culture, la langue, l’écriture et la répartition des dialectes
Volume 2 : Allemand – Touareg
Dictionnaire étendu des principaux dialectes touareg avec représentation de la phonologie, de la grammaire et du système verbal ainsi qu’une bibliographie commentée
Réalisé en coopération avec Karl-G. Prasse
Malgré la multitude d’études dédiées aux Touaregs, on regrettait jusqu’à ce jour l’inexistence d’un dictionnaire suprarégional utilisable de façon générale. Hans Ritter, médecin spécialiste des maladies tropicales et ethnologue, vient de présenter un lexique en deux volumes des dialectes parlés aujourd’hui en Algérie, en Libye, au Niger, au Mali et au Burkina-Faso. Il s’agit en l’occurrence de deux dictionnaires complémentaires, dont, par principe, chaque volume est utilisable chacun de son côté, avec une structure et une pondération différente. L’un est le volume de base en trois langues intitulé « Touareg – Français – Allemand », l’autre étant le dictionnaire bilingue étendu « Allemand – Touareg ».
Outre la partie vocabulaire trilingue, le volume 1 comprend des tableaux très détaillés relatifs à la répartition des dialectes ainsi que la transcription de l’écriture touareg (tifinagh), des articles dédiés à l’histoire de la langue et de l’écriture, au calendrier traditionnel, à des chroniques annuelles, au système de numérique, à la poésie et à la musique. Les biens matériels appartenant à la culture nomade traditionnelle – appareils, outils et bijoux – sont représentés sous la forme de graphiques illustratifs.
Le volume 2 comprend une étymologie étendue et détaillée avec des entrées communes à plusieurs dialectes en provenance de tous les dialectes principaux ainsi que de nombreux dialectes secondaires. Mais il intègre aussi, en outre, de nombreux termes apparentés issus des langues de contact les plus importantes : l’arabe, le hassanya, le haoussa et le songhaï. Parmi les priorités thématiques figurent, au-delà du vocabulaire général, en particulier les définitions de plantes et d’animaux, de matériaux et d’aliments, de bijoux, d’objets forgés et d’outils. En plus des termes qui concernent la vie commerciale et économique, le calendrier, l’orientation et les noms des étoiles, on y trouve surtout la médecine et les remèdes traditionnels.
Des mentions systématiques concernant les sources ainsi que des indications bibliographiques complètent cette documentation linguistique d’une très grande richesse.
Le lexique, dont la Fondation Jutta Vogel a soutenu financièrement l’impression, se destine aussi bien aux scientifiques – ethnologues, berbérologues et africanistes – qu’aux coopérants et il devrait séduire également tout profane qui s’intéresse à la culture touareg.
Volume 1 : 1130 pages, 419 illustrations, ISBN 978-3-447-05886-5 128 € (D) / 217 CHF
Volume 2 : 1154 pages, ISBN 978-3-447-
05887-2 148 € (D) / 250 CHF
Prix complet : 228 € (D) / 387 CHF
A partir de juillet 2009 en librairie et auprès de la maison d’édition HARRASSOWITZ Verlag, Wiesbaden (www.harrassowitz-verlag.de)
Cologne 2009: Le sauvetage de la culture touareg – présence au Rautenstrauch-Joest-Museum - Cultures du monde
La toute dernière contribution de la Jutta Vogel Stiftung à la pérennisation et à la divulgation de la culture touareg qui menace de disparaître est un important achat d'objets de la culture quotidienne. Ceux-ci vont être exposés, à partir de septembre 2009, dans le nouveau musée, le Rautenstrauch-Joest-Museum - Cultures du monde, à Cologne. Outre une impressionnante table du coran, il s'agit en l'occurrence de vêtements, de textiles d'habitation, d'ustensiles à thé et de bijoux – identiques à ceux qui sont utilisés quotidiennement, mais de moins en moins souvent, par les familles touaregs.
Le tourisme est entre-temps devenu un secteur d'activité important. Les bijoux fabriqués selon des exemples traditionnels font partie de l'artisanat d'art, qui prend de plus en plus d'importance pour le tourisme en plein essor.
Le nouveau concept muséal du RJM, en tant que « Maison des cultures du monde », ne présente plus ses collections selon des critères géographiques et chronologiques, mais en fonction des modes de vie des populations. Ainsi les visiteurs découvrent-ils les touaregs, qui vivent en nomades, dans l'environnement d'un « logement humain ». Le logement des touaregs est la tente. De deux à sept tentes offrent suffisamment de place pour les grandes familles qui cultivent des liens étroits. Pendant la saison des pluies, en raison des meilleures conditions de pâturage, il arrive parfois qu'ils se regroupent aussi en « villages » qui peuvent alors compter jusqu'à vingt tentes. Comme au cours du passé, cette vie continue de se dérouler dans les conditions arides que l'on peut imaginer et qui obligent les populations à couvrir à pied de longues distances pour trouver suffisamment de fourrage pour le bétail. Cependant, les touaregs se sont remarquablement bien adaptés à ces conditions de vie, car ils ne vivaient pas exclusivement de leurs troupeaux; bien au contraire, au fil des siècles, ils ont dominé le commerce transsaharien entre l'Afrique de l'Ouest et les régions méditerranéennes grâce à leurs caravanes de chameaux qui sont parfois remplacées aujourd'hui par des camions.
La tente touareg originale exposée dans le Rautenstrauch-Joest-Museum - Cultures du monde reflète à la perfection toutes ces facettes de la vie des touaregs: on y voit exposés des objets d'usage courant, en l'occurrence tous les ustensiles nécessaires pour la cuisine, le repas, le sommeil, mais aussi ceux que l'on utilise pour des événements particuliers qui vont des rencontres conviviales jusqu'aux rituels dans les rapports à la mort.
Pour les touaregs, ces bijoux très estimés chez nous depuis longtemps aussi en raison de leur précision artistique et artisanale, ne possèdent pas seulement une valeur esthétique, car ils sont au même titre un « capital transportable ». Aussi et surtout parce que ces bijoux, justement, sont réputés être capables de protéger des pouvoirs surnaturels et des dangers. C'est de tout cela que les quelque soixante-dix objets qui ont été acquis pour le RJM avec le soutien de la Jutta Vogel Stiftung portent un témoignage éloquent.
Clé décorative
Clé décorative
Niger 2009: Remise en état de la Maison Heinrich Barth, à Agadez
Lors de son expédition durant la période de 1850 à 1855, Agadez a été une étape importante pour l'africanologue allemand, qui est parti d'ici pour explorer le lac Tchad. Auparavant, il a habité pendant un certain temps dans la maison de son guide. Ses descendants y vivent aujourd'hui encore et cultivent le souvenir de Heinrich Barth. Il existe même encore quelques objets ayant appartenu à Barth, dont les malles qui contenaient tout ce dont il avait besoin et qu'il avait collectionné lors de la traversée du désert libyen. Bien que les propriétaires de la maison aient précieusement conservé les objets et, il y a quelques années, en aient aménagé une partie des pièces pour en faire un musée avec l'aide généreuse de l'ambassade d'Allemagne, le bâtiment de construction traditionnelle en argile a, entre temps, impérativement besoin d'être réhabilité.
Afin de permettre à l'avenir une exploitation à part entière en tant que petit musée qui garantisse aussi la subsistance de la famille, la maison va maintenant être remise intégralement en état et recevoir l'électricité.
Un élément important de cette réhabilitation consiste à faire exécuter tous les travaux par des artisans locaux et à restaurer les objets avec le concours d'un conservateur nigérien du musée de Niamey. La direction de l'opération a été confiée au Professor Dr Klaus Schneider, directeur du Rautenstrauch-Joest-Museum - Cultures du monde, à Cologne, et président de la Société Heinrich Barth.
En conformité avec les objectifs de la Fondation, il est prévu que la Maison Heinrich Barth - intégrée à des concepts touristiques et en coopération avec les écoles d'Agadez - soit dédiée à la sauvegarde de l'héritage culturel et au dialogue entre les cultures. Le Sultan d'Agadez a accueilli le projet avec grande joie.
Le petit musée se trouve dans la vielle ville historique d’Agadez qui était désignée patrimoine culturel mondial par l’UNESCO au mois de juin 2013.
Devant la maison Heinrich Barth
Devant la maison Heinrich Barth
Namibie 2009: Daureb/Brandberg – Projet d’art rupestre de la « gorge de Dôme »
La Daureb – en français: la Brandberg – en Namibie, au bord du désert de Namib, doit sa célébrité mondiale à ses dix milles peintures rupestres, dont ce qui est sans aucun doute le plus célèbre d’Afrique, la fameuse « Dame blanche ».
Bien sûr, l’art rupestre préhistorique est un phénomène d’envergure mondiale qui, de plus, représente une histoire de plusieurs dizaines de milliers d’années. Les formes et les lieux qui doivent leur notoriété à cet art rupestre sont donc, logiquement, d’une très grande diversité. Tous ont cependant un point commun, un principe qui vaut presque toujours et presque partout: les deux techniques fondamentales pour la réalisation des gravures et peintures n'ont pas été mélangées par les artistes préhistoriques.
Soit ils ont opté pour la peinture, avec une ou plusieurs couleurs, soit ils ont choisi de graver la surface de la pierre en la martelant, la gravant ou la ponçant. Apparemment, l’utilisation de l’une ou de l'autre des deux techniques était une « décision de principe ». Il existe toutefois quelques rares exceptions où les deux techniques se conjuguent, voire se superposent. De tels lieux de découverte suscitent tout naturellement l’intérêt particulier de la science. Un exemple en est la Daureb.
Il s'agit de la petite gorge de Dôme, à l'ampleur très limitée, qui n'a pratiquement jamais été explorée jusqu’à ce jour et offre donc, maintenant, la chance de découvrir les rapports entre les peintres et les graveurs.
Or, dans le contexte d’augmentation du tourisme dans la Daureb, qui est absolument souhaitable pour le développement de cette région, il faut surtout pour un tel trésor, prévoir tout un faisceau de mesures permettant de le protéger de la destruction et de le rendre accessible un jour aussi. Et c’est exactement ce dont il s’agit avec le nouveau projet.
La première étape, qui commence par l’exploration scientifique, consiste à élaborer un plan de management en tant qu’élément du processus qui devrait permettre d’inscrire toute la région de la Daureb au patrimoine culturel mondial de l’UNESCO. Il est prévu que, dès le début, le plus grand nombre possible d’acteurs autochtones y soient impliqués. Les étudiants de l’University of Namibia participeront aux recherches sur l’art rupestre et à l’archéologie de la gorge de Dôme, qui vont être confiées à Tilman Lenssen-Erz (centre de recherches Afrique près l’institut de pré- et protohistoire de l’Université de Cologne) et à Goodman Gwasira (University of Namibia). Mais d’autres acteurs en seront aussi les guides touristiques qui opèrent déjà en cet endroit; en effet, des évaluations et des recommandations concernant l’infrastructure, avec des voies d’accès, des possibilités de camping, un approvisionnement en eau, etc. font également partie du projet afin de permettre un tourisme profitable. Ceci s’effectue en étroite concertation avec le National Heritage Council, le National Museum et le History Department de l’University of Namibia.
Tous les enseignements scientifiques seront transmis à la commission du patrimoine mondial, au même titre que les évaluations en vue d’une viabilisation touristique. Cette démarche globale est censée garantir que la richesse de l’art rupestre devienne accessible à de nombreux visiteurs sans que, pour autant, l’on mette en péril les lieux de fouille de la Daureb/Brandberg ni son exploration future.
Frise de « La Dame blanche »
Frise de « La Dame blanche »
Mali 2009: La musique traditionnelle de la région du désert de Gao / Menaka
Quiconque veut se rendre de Bamako, la capitale du Mali, à Gao doit se préparer à un long voyage: partant vers l'Est en passant par Ségou, la capitale de l'ancien royaume bambara, en franchissant Djenné et sa mosquée mondialement célèbre, il faut prendre la direction de Mopti, dans le Sud du Sahara. Les impressionnants monts Hombori sont passés, le bac traverse le Niger – on arrive à Gao.
Gao compte plus de 52 000 habitants et est la principale agglomération de la région de Gao. En tant que noeud de communication d'importantes routes commerciales, la ville s'est développée au XVe siècle pour devenir le centre du commerce transsaharien. C'était la capitale du royaume des Songhaïs, le plus ancien peuple africain noir du Mali.
Au cours des années 90, dans le cadre d'une coopération avec le Musée national de Bamako, l'ethnologue-musicologue Dr Edda Brandes, a réalisé une documentation de la musique malienne traditionnelle. C'est de cette collection que proviennent les enregistrements de musique de la région de Gao/Menaka qui sont maintenant publiés sous la forme d’une série de CD avec le soutien de la Fondation Jutta Vogel.
Le projet s'est donné pour objectif de sauvegarder la tradition musicale locale. A cette fin, 250 CD vont être confiés aux musées et bibliothèques du pays. En plus des touristes, ces localités sont, aussi, visitées fréquemment par des enseignants avec des classes d'école et des étudiants, si bien que la diffusion des CD en ces endroits est particulièrement bénéfique pour les autochtones.
Outre la production des CD de musique, la fondation soutient également la mise en place de trois stations d'écoute pour le Musée national de Bamako, le Musée du Sahel à Gao et une bibliothèque à Menaka. La population pourra ainsi avoir accès à son héritage musical, qui pourra se diffuser dans la région grâce à une technologie adaptée. En ces endroits aussi, des CD vont être déposés.
Ici, dans le Sud du Sahara, non loin des frontières du Niger et de l'Algérie, vivent non seulement des Maures et des Songhaïs, mais aussi des Touaregs et des Bellas. Chaque ethnie possède son propre répertoire musical ainsi que ses instruments de musique et chansons qui lui sont caractéristiques, ce dont les CD portent témoignage: Lorsque les meilleurs chanteuses et chanteurs se réunissent autour du mortier à céréales, le tindé, qui leur sert de tambour, ils tissent un dense tapis musical avec leur chant mélodieux et le battement rythmique de leurs mains.
Joueurs de luth tehardent
Joueurs de luth tehardent
Namibie 2009: Les traditions du Brandberg – Connaissances locales, histoires, noms
En plus de quarante ans, dans le nord de la Namibie, Harald Pager ainsi que, plus tard, Tilman Lenssen-Erz et Marie-Theres Erz ont documenté et publié les peintures rupestres du mont Brandberg, qui remontent jusqu'à 30.000 ans. Une fois le projet achevé, la totalité de la documentation sera remise à l'Etat namibien.
Le projet Brandberg offre maintenant une nouvelle facette: sur la base des traditions orales, il est prévu de réunir toutes les connaissances locales relatives au mont Brandberg, en l'occurrence aussi bien les connaissances de sciences naturelles que d'histoire. La collection se concentrera à et autour d'Uis, un village proche du Brandberg. Organisés au sein du collectif «Tsiseb Conservatory», des autochtones, dont certains étaient déjà impliqués en tant qu'auxiliaires dans le cadre du projet de peintures rupestres, coopéreront au sein du nouveau projet. Ainsi, pour la première fois, ce ne sont pas des Européens ou des Américains du Nord qui étudieront le «Daureb» (ou «Daures») - tel est le nom de la montagne dans la langue damara - mais des Africains qui exploreront eux-mêmes leur environnement traditionnel. La prise en considération de la langue a une grande importance à ce propos, ce que prouve, par exemple, le nom du sommet de la montagne: «Ganibeb» signifie «montagne à miel» et révèle où, jadis, les habitants allaient chercher leur miel. Les connaissances que recèlent de tels noms et anecdotes disparaissent avec les anciens parce que les jeunes ne vivent plus en symbiose avec la montagne selon la façon traditionnelle. Avec les connaissances relatives aux plantes et aux animaux, à la chasse et à l'exploitation des matières premières, l'on voit aussi disparaître celles qui ont trait aux cérémonies et rituels y afférents.
Le projet durera environ un an. Les résultats seront publiés dans une brochure en deux langues, en damara et en anglais. Cela permettra aux recherches sur les peintures rupestres du Brandberg de bénéficier de compléments essentiels. Mais, surtout, on sera alors en mesure de retransmettre toutes ces connaissances recueillies: à des élèves ainsi qu'aux futurs guides de montagne en vue d'un tourisme compatible avec l'environnement. Les visiteurs du Brandberg avec leurs guides compétents contribueront alors à sauvegarder la culture de cette région.
Serpent à oreilles et formes humaines
Serpent à oreilles et formes humaines
Mauritanie 2008: Soutien pour le Musée de Touezekt
La petite oasis de Touezekt se trouve dans la partie Nord-Est du Sahara mauritanien, à quelques kilomètres seulement de la capitale provinciale, Atar, qui se trouve elle-même à 500 km environ de la capitale du pays, Nouakchott, sur les rives de l'Atlantique. L'aéroport d'Atar fait de cette ville le point de départ idéal pour la majorité des touristes se rendant en voyage à Chinguetti, la célèbre ville du désert. Mais rares sont ceux qui passent à Touezekt aussi. C'est pourtant là, justement, qu'El Khalil Sidi Dah a ouvert un petit musée, un musée dans lequel il documente le riche héritage culturel de la Mauritanie. Le fondateur du musée est commerçant de profession, mais il a suivi une formation d'archéologue de façon à pouvoir explorer dans les règles de l'art et protéger les nombreux lieux de fouilles archéologiques de sa région, qui sont régulièrement pillés et détruits aussi bien par les autochtones que par les touristes.
Entre temps, El Khalil Sidi Dah a mis au jour environ 4000 objets archéologiques: pointes de flèches, pierres à feu, mortiers en pierre et céramiques remontant au néolithique (env. 6000 ans av. J.-C.) et allant jusqu'à une époque récente. Sa collection englobe en effet aussi de précieux livres et manuscrits historiques, des reliques du passé colonial ainsi que des témoignages des sociétés tribales autochtones. Dans l'ensemble, ce musée privé qui offre un intérêt exceptionnel et est le fruit exclusif d'un engagement personnel, documente 8000 ans d'histoire de l'humanité.
Pour faire prendre conscience de cette dimension historique à la population locale ainsi qu'aux touristes qui viennent d'Europe et, de cette manière, pour les inciter à protéger les sites archéologiques encore inexplorés, le musée doit devenir célèbre bien au-delà de l'oasis de Touezekt. La Fondation Jutta Vogel lui offre son soutien en finançant par exemple les panneaux indicateurs nécessaires qui vont être mis en place à des lieux importants. En outre, elle aide à réaliser un dépliant d'information en arabe et en français.
Musée de Touezekt www.maisondarts.org
Objets archéologiques
Objets archéologiques
Algérie 2008: Le sauvetage de la culture targuie dans le Sahara algérien
Les Touareg, le légendaire peuple du désert, subissent des mutations culturelles, car le modernisme a fait son apparition chez eux aussi et ils ont abandonné en partie leur nomadisme. Leur culture multiséculaire est menacée d'extinction. Ceci vaut également pour le jeu de l'imzad, le violon à une corde des Touareg.
L'imzad consiste en une demi-calebasse revêtue d'une peau de chèvre qui est fréquemment peinte d'ornements ou de caractères tifînagh des Touareg. La corde consiste en crins de queue de cheval, de même que le fil de l'archet.
L'imzad est joué exclusivement par des femmes, qui accompagnent le chant d'un ou de deux hommes. Ils chantent des poésies en tamâhaq - langue des Touareg - qui parlent de l'amour, des grandes
batailles du passé, de la vie nomade, de la beauté du désert et de bien d'autres choses encore.
Actuellement, dans l'ensemble de la chaîne de montagnes du Hoggar, dans le sud de l'Algérie, il n'y a plus que sept vieilles femmes qui soient capables de jouer de l'imzad, alors qu'autrefois, pratiquement chaque jeune fille maîtrisait cet instrument. La Targuia, la femme touareg, joue un rôle important dans la société targuie. Ce sont les mères qui apprenaient à leurs filles à jouer de l'imzad et à écrire le tifînagh.
La musique traditionnelle de l'imzad est un pan important de la culture targuie. La faire revivre aujourd'hui signifie la préserver pour les générations futures et va de pair avec une revalorisation du statut de la femme.
C'est en 2003 qu'a été fondée, à Tamanrasset, une association appelée «Sauver l'Imzad», qui s'est donné pour objectif de préserver la culture targuie dans le Hoggar. Une école a été ouverte où de jeunes femmes touareg apprennent à jouer de l'imzad et, simultanément, à fabriquer cet instrument de musique. Dans cette école, elles apprennent aussi l'écriture tifînagh. Le programme de cours comporte d'autres aspects de la culture et de l'histoire des Touareg, des cours relatifs à l'origine et au développement de l'imzad, à la poésie et aux chants ayant trait à l'imzad, mais aussi des cours d'informatique. Un autre objectif important consiste à promouvoir la fabrication à domicile de l'imzad et d'autres produits touareg.
Le centre culturel projeté à Tamanrasset, le «Dar el Imzad» hébergera à l'avenir l'école d'imzad avec tous les cours, mais aussi une médiathèque où seront archivées des documentations sur l'imzad comme la poésie et les chants et à laquelle le public aura accès.
La Fondation Jutta Vogel finance un film documentaire sur l'imzad ainsi que des enregistrements magnétiques de musique imzad et de poésie en tamâhaq, fournissant ainsi une significante contribution à la préservation de la culture targuie.
Vous trouverez de plus amples informations sur l'association «Sauver l'Imzad» à l'adresse:
www.imzadanzad.com
Fichiers audio de la musique touareg du Hoggar (Algérie)
Joueuse d'imzad du Hoggar
Joueuse d'imzad du Hoggar
Namibie 2008: Histoires de familles à Fransfontein
Même en Afrique, il est très rare que ce que l'on appelle les «conflits ethniques» méritent réellement ce nom. Bien au contraire, ce sont les dirigeants politiques impliqués respectifs qui les fomentent sous cette étiquette. Etayer cet état de fait par le biais de la recherche scientifique et en mettre les résultats à la portée de la population, tel est l'objectif du projet actuel intitulé «Histoires de familles à Fransfontein», qui est dirigé par Dr Michael Schnegg et Dr Julia Pauli, de l'Institut d'ethnologie de l'Université de Cologne.
Un moyen de recherche est la généalogie. A titre exemplaire, elle permet de décoder l'histoire d'une localité, d'une région. Dans le cas présent, il s'agit du village de Fransfontein, dans le nord-ouest de la Namibie. Depuis plus d'un siècle vivent ici des personnes qui se sont retrouvées ici, par suite de migrations ou d'expulsions, en provenance d'autres régions.
Les histoires de ces familles montrent sans ambiguïté qu'elles ne restent en aucun cas «regroupées entre elles par ethnie»: la majorité des habitants d'aujourd'hui ont des ancêtres originaires de deux ou trois ethnies. Il y a des lustres que cela s'est traduit dans de nombreux aspects du quotidien. C'est d'ailleurs pourquoi les scientifiques portent un intérêt particulièrement vif aux coutumes, par exemple aux rituels de mariage, ainsi qu'aux rituels religieux. Autre domaine tout aussi instructif: l'évolution linguistique et l'usage de la langue.
Il est prévu que les résultats de ces recherches soient mis à la portée de la population de telle manière qu'elle puissent être combinées aux initiatives d'ores et déjà prises à l'échelon local dans un contexte historique. Tout le matériel imagé et sonore obtenu de cette manière ainsi que tous les autres documentations seront publiés sous des formes que l'on pourra utiliser dans la région de nombreuses façons et aussi et surtout pour les cours scolaires.
Par conséquent, ce projet est de nature à renforcer l'identité multiethnique.
Une brochure a été imprimée et peut être commandée sur le site web du projet www.fransfontein.org.
Dans l'attente du thé matinal
Dans l'attente du thé matinal
Namibie 2007: Apollo 11. La culture de l'homme préhistorique moderne en Afrique - des chances de nouvelle chronologie
Il y a 27 000 ans environ, un habitant d'une caverne des montagnes des Hunsberg, dans le sud-ouest de la Namibie, a dessiné des animaux sur quelques plaques de pierre ayant approximativement la taille d'une main. En même temps que des outils en pierre, des os d'animaux et des cendres de foyers, les peintures furent, plus tard, recouvertes par des sédiments et les vestiges laissés par des colonisations plus tardives.
Mais quel est le lien entre cette découverte et la navette spatiale?
Le 24 juillet 1969, au cours de fouilles réalisées dans une grotte jusque-là sans nom, l'archéologue W.E. Wendt a reçu la nouvelle du retour réussi de la navette spatiale Apollo 11. Il a spontanément donné au lieu de ses recherches le nom «Apollo 11», sans se douter le moins du monde qu'il allait y faire une découverte sensationnelle. Les prospections ont révélé toute une séquence de couches de colonisations couvrant une période de plus de 100 000 ans.
Aucun autre lieu de fouilles dans ce pays ne reflète avec une plus grande évidence le passé préhistorique de la Namibie. Mais il y a quelque chose d’exceptionnel: la découverte de plaques peintes, dont la méthode de datation au carbone 14 a permis d'établir l’âge à une période de 26 000 à 28 000 ans. Ainsi ces dessins ne sont-ils pas seulement les oeuvres d'art les plus anciennes d'Afrique, mais figurent-ils aussi parmi les témoignages de création artistique les plus anciens du monde entier.
Les dessins ont été découverts dans la couche de fouilles la plus récente du «Middle Stone Age» de la caverne «Apollo 11». En Afrique, «le Middle Stone Age» a commencé il y a près de 200 000 ans, en même temps que l'apparition la plus ancienne de l'homo sapiens moderne, à une époque à laquelle, dans l'hémisphère Nord, a encore prévalu pendant plusieurs milliers d'années l'ère glacière. Il s'agit-là d'une époque de nombreuses innovations comme la pêche, l'utilisation de pigments colorés et la fabrication d'outils en os. C'est d'ailleurs en raison de la première apparition de l'art et des bijoux – en tant qu’expression d'une action symbolique – que l'on parle aussi du début d'un comportement «moderne» au cours du «Middle Stone Age». C'est donc l'une des étapes les plus importantes de l'histoire de l'humanité. Et pourtant, nous savons relativement peu de choses au sujet de cette période. Seules quelques rares fouilles ont été mises au jour selon les standard actuels et, pendant longtemps, on ne pouvait pas recourir à des méthodes de datation appropriées pour les phases les plus anciennes du «Middle Stone Age». Mais, entre temps, de nouveaux procédés de datation (la résonance de spin électronique et la luminescence par stimulation optique) se sont établis, qui ont permis de combler cette lacune. C'est pour cette raison que l'archéologue Dr Ralf Vogelsang, du service de recherche Afrique de l'Institut de préhistoire et de protohistoire près l'Université de Cologne, souhaite analyser de nouveau ce lieu de fouilles. Son objectif principal à cette occasion est le prélèvement d'échantillons pour datation. En combinaison avec des méthodes de fouilles plus raffinées et des approches modernes pour l'évaluation des objets trouvés, la classification chronologique pour la première fois assurée des couches culturelles promet de livrer de nouveaux enseignements au sujet d'une époque à laquelle remontent nos racines à tous.
Plaques peintes
Plaques peintes
Soudan 2004: Archéologie de sauvetage à la 4ème cataracte du Nil
Un financement initial par la Fondation Jutta Vogel a permis, au printemps 2004, d'inaugurer la première exploration scientifique ayant pour objectif des recherches sur la section du Nil la moins connue à ce jour: la région de la 4ème cataracte, dans le nord du Soudan.
Le motif en est le plan du gouvernement soudanais, à Khartoum, d'édifier un gigantesque barrage qui créera comme retenue un lac de 170 km de long qui permettra de produire de l'énergie. Outre des milliers de sites de fouilles archéologiques allant des débuts de l'Age de pierre aux Temps modernes en passant par le Moyen Age chrétien préislamique, les eaux du Nil vont alors engloutir également les champs et les jardins des Manasir qui sont établis ici.
Cela va entraîner la disparition d'un immense trésor de colonisations, préhistoriques et protohistoriques, de monuments funéraires et de peintures rupestres, de même que le dernier système d'agriculture reposant sur le système d'irrigation intensive dans une zone de cataractes du désert.
Le projet dirigé par Dr Hans-Peter Wotzka est dédié aux recherches sur une zone qui, sur une superficie d'environ 40 km², englobe la plus grande des îles appelées à disparaître à l'avenir sous les eaux des lacs artificiels et, en outre, la section de la rive droite qui se trouve à sa hauteur. De ce fait, le Service de recherche sur l'Afrique de l'Institut de préhistoire et de protohistoire de l'Université de Cologne participe à un programme de sauvetage international auquel le Service des Antiquités soudanais a invité la totalité des groupes et institutions de recherche qui opèrent depuis des années déjà dans le pays.
Après un premier soutien apporté par la Fondation Jutta Vogel, la Deutsche Forschungsgemeinschaft (DFG) a entretemps autorisé un projet conçu pour une durée de trois ans. Celui-ci se déroule sous le titre de l'unité de recherche spéciale «Mutations culturelles et géographiques en Afrique aride», sur lequel des scientifiques de Cologne travaillent depuis 1995 dans différentes régions d'Afrique.
On est déjà en possession de premiers résultats de la prospection, en l'occurrence avec 210 sites de fouilles archéologiques récemment découverts. Des préhistoriens, des archéologues, des géographes et des égyptologues ont participé aux fouilles et aux travaux ultérieurs, profitant ainsi de l'ultime chance qui leur est donnée d'explorer cette «région favorisée» particulière qui a été habitée par l'homme de la préhistoire à aujourd'hui.
Les chances d'en apprendre plus au sujet de cet espace naturel ainsi que sur la façon dont les hommes l'ont mis à profit semblent réalistes. Jusqu'à présent, nous savons bien peu de choses au sujet de cette région de la 4ème cataracte bien que, au deuxième millénaire avant Jésus Christ, le royaume nubien Kerma et, plus tard, le territoire des pharaons en aient été les voisins immédiats. Il est prévu qu'un jour, les résultats des recherches de tous les groupes de travail internationaux soient rendus accessibles au public dans un musée d'archéologie et d'ethnographie se trouvant à El-Mutaga, près de Debba.
4ème cataracte du Nil
4ème cataracte du Nil